Une urgence peu ordinnaire

L'infection avait gagné l'hôpital à 9h19, lorsqu'une ambulance transportant un blessé avait eu un accident juste devant le gratte-ciel. Devant un homme visiblement agressif, le personnel soignant allé secourir les rescapés de l'accident ne purent que rapparier leurs collègues de l'ambulance. Une fois à l'intérieur, ces-mêmes collègues s'attaquèrent à leurs anciens collaborateur et l'infection rongea le service des urgence comme une gangrène. Cette tumeur se déversa rapidement dans les services adjacents et des personnes au comportement anormal bloquèrent bientôt les issues du rez-de-chaussée.

Ils progressèrent lentement à travers les étages, infligeant de sévères morsures au personnel soignant et aux usagers de la structure sanitaire. On appela la police très rapidement mais, visiblement débordée, il semblait que les forces de l'ordre ne pourraient pas venir sur place avant un moment. Un ascenseur repli de créatures étranges propagea l'infection au sommet du bâtiment entraînant le départ précipité de l'hélicoptère de secours.

Au huitième étage de ce bâtiment moderne, dans le service de médecine générale, tout était calme pour le moment. Quelques éclats de voix paniqués s'échappaient de la cage d'escalier tandis que les premiers médecins prenaient leur poste après avoir relevé de leur garde les médecins de nuit. Un docteur en cancérologie, remonté en hâte du sixième étage, déboula dans le service, en sueur et haletant. Tenant des propos invraisemblable au sujets de patients agressif cherchant à mordre toutes les personnes s'approchant un peu trop près d'eux il rassembla vite la quasi-totalité du personnel de l'étage. Un large groupe décida de descendre, malgré ses mises en garde, et le reste de l'équipe soignante proposa au pauvre docteur de se reposer dans un des bureau et de prendre un bon café. Hurlant à tort et à travers qu'il était sérieux et que la situation était critique il n'obtint guère plus de crédit qu'auparavant. Installé contraint et forcé dans un bureau avec une partie de l'équipe soignante, il s'était enfermé dans un mutisme total en lorgnant le fond de son gobelet de café. Les quelques personnes ne lui tenant pas compagnie et n'étant pas descendu aux étages inférieurs décidèrent de retourner tranquillement à leurs activités. Néanmoins, une atmosphère pesante et malsaine régnait déjà dans le service.

Le petit groupe qui était descendu aux étages inférieur, après le récit peu vraisemblable d'un cardiologue paniqué et sous le choc, remontait précipitamment. Un des médecin, qui se tenait le bras, s'écroula dans le couloir, prit de spasmes. Tandis que deux collègues restaient à ses côtés, les deux aides-soignantes et l'infirmière qui étaient remonté avec eux partirent en hurlant s'enfermer dans un des bureaux. Le pauvre homme au sol hurlait en se tordant de douleur. Un des deux médecins parti subitement, visiblement il allait chercher quelque chose. Mais à peine était-il parti que le mourant stoppa ses gémissements et attrapa soudainement le bras du médecin à ses côtés avant de le mordre sauvagement. Le pauvre homme se défendit de son mieux en lui frappant plusieurs fois le visage de son pied mais la créature ne lâchait pas prise, même après que sa tête se soit retrouvée dans un angle impossible. Le deuxième docteur revint, alerté par les cris de son collègue, et la créature, qui s'était péniblement relevée, se jeta sur lui avant de le mordre à son tour.

Pendant ce temps, dans le bureau du docteur Akikazu, le patient dont il s'occupait, et qui venait d'enfiler sa veste, s'interrogea sur ce qu'il pouvait se passer dehors. En effet, au vu de la mine peu habituelle de son praticien, il se disait qu'il devait se passer dans le couloir quelque chose pour le moins inhabituel.

"Docteur, quelque chose ne va pas ? Qu'est-ce qu'il se passe dehors ?"

Le ton de sa voix laissait clairement transparaitre une légère inquiétude, sans doute à cause des cris qui venaient de se faire entendre.

Spoiler:

Dans la salle de repos, les deux hommes tombèrent nez à nez avec un autre scène à la fois horrible et intrigante. Un médecin qu'Utako connaissait bien était en train de dévorer une aide soignante qui gémissait faiblement de douleur, à peine vivante, incapable de sentir quoi que ce soit.
Quelqu'un émit un cri et la créature s'arrêta dans son dîner macabre. Il se releva et se retourna, tendant un bras vers le patient à l'origine de ce cri d'horreur et de dégoût. L'iris de la créature, grisâtre, était bien plus petit que la normale et était dirigée vers le haut, comme si cette chose fixiat le plafond. Pourtant elle avançait lentement vers les deux hommes, d'un pas lent et mal assuré, tendant fébrilement sa main droite vers eux tandis que de sa bouche gémissante dégoulinait le liquide ocre, le fluide de la vie humaine.
Paniqué, chamboulé, terrorisé, le patient d'Utako préféra s'enfuir en hurlant, implorant de l'aide, que de rester face à cette chose qui ne pouvait appartenir au monde qu'il connaissait depuis toujours. La créature tenta de le suivre de sa démarche gauche mais trébucha sur le cadavre de celle qu'il avait dévoré et s'étala par terre. Tout en continuant de gémir il se releva et se dirigea vers les escaliers, d'où on pouvait encore entendre les cris du patient qui venait de descendre... arrivant droit en enfer.
Pendant ce temps l'aide soignante aux boyaux se répandant à l'air libre se releva à son tour, les yeux vides de toutes émotions, sans sembler remarquer le trou béant dans son ventre et sa blouse inondée de sang, de son sang. Elle ne remarqua pas d'avantage les morceaux de chair jonchant le sol sol et qui lui appartenaient encore quelques minutes auparavant. La charmante Amika, aide soignante dévouée et chaleureuse était maintenant une créature irréelle aux yeux vidés de toute émotion.

Utako poussa la porte et tomba sur une autre scène d'horreur: Un de ses collègues, appariement dans un état second , était en train de dévorer au sens propre du terme une aide soignante du nom d'Amika.Les blessures infligés étaient beaucoup trop grave pour espérer sauver Amika, mais Utako leva son arme et visa le médecin.

Il n'eu pas le temps de parler ni de tirer : son patient, pris d'une crise de panique, émit un cri.
Le médecin s’arrêta dans sa tâche macabre et se dressa face aux deux humains: il tendit un bras vers le patient, et Utako vit les yeux de son collègue: Gris, trop petit et levés vers le haut.Autrement dit, il était aveugle.Et au vu de l'état d'Amika, il était pris d'un soudain goût pour le sang et la chair humaine.Utako se mit à analyser très rapidement: même un état terminal de rage ne permettait pas cet accès de folie.Et quand bien même, un mort ne pouvais pas se relever!

Utako sentit que son patient allait bientôt craquer.Il tenta de le retenir d'une main, mais trop tard.Le jeune homme, paniqué, sortit de la salle de repos en courant et en hurlant.
Le médecin le suivit en titubant, semblant ne plus porter attention à Utako.Il trébucha contre le cadavre d'Amika, se releva en gémissant, et se dirigea vers les escaliers d'ou Utako entendit les cris de son patient.Lui aussi était fichu...

Il entendit soudainement du bruit et se retourna.Amika venait de se relever sans tenir compte de son état physique.Utako recula de quelques pas et resserra son emprise sur la crosse de son revolver.

"Amika, calmez vous.Est ce que vous me comprenez?"

Pour toute réponse, il eu un gémissement sauvage.Amika se rapprocha d'Utako, le bras gauche levé vers lui.Tout comme le médecin d'avant, ses yeux semblaient éteint.C'était donc une maladie infectieuse.
Utako se ressaisit. Ce n'était pas le moment de dresser un diagnostic.

Elle était vraiment proche, et Utako décida de réagir.Au moment ou elle allait être à portée de frapper, Utako recula jusqu’à être dos au mur.Il ajusta sa visée.Il tremblait.

Pendant qu'il se calmait, Amika approchait de lui.Il s’arrêta de trembler subitement et en profita pour viser la tête de l'ancienne aide soignante.Et, tournant légèrement la tête pour voir le moins possible ce qui allait se dérouler, il appuya sur la gâchette.

Le bruît résonna dans tout l'étage des consultations, et certainement dans une bonne partie de l'immeuble.

Le choc passé, il tourna la tête pour voir le résultat de son acte.

Le visage gris pâle d'Amika était maintenant orné d'un trou au milieu du front, légèrement décentré sur la droite. Elle s'affala sur Utako, visiblement morte à nouveau. Un tel tir devait avoir gravement endommagé son cerveau et il était a priori impossible qu'elle puisse encore bouger, en admettant bien sûr qu'elle puisse se relever d'une deuxième mort.

La salle de repos, malgré les bouts de chair et les tâches de sang, était une jolie salle au papier peint bleu ciel. Sur une table basse au centre étaient éparpillés des magasines et un vase de fleurs artificielles. La salle disposait de quatre portes, l'une donnait sur le bureau du docteur Akikazu, deux autres sur les bureaux d'autres docteurs et la dernière, ouverte, sur le couloir. De cette dernière porte était audible les gémissements de plusieurs créatures, cinq, peut-être plus. Elles semblaient avoir été attirées par le bruit du coup de feu et leurs voix décharnées se rapprochaient lentement et inexorablement. Les deux autres bureaux étaient ceux du docteur Mizushima, un homme d'un certain âge célèbre pour sa crise de colère quand le fusible de l'étage avait sauté le mois dernier, et du docteur Hayashi, un homme connu pour avoir la fâcheuse tendance à grignoter entre chaque consultation. Le Docteur Mizushima était parti en vacances tandis que le docteur Hayashi, lui, était sans doute quelque part dans l'hôpital, peut-être même dans son bureau, totalement inconscient de ce qu'il se passait. En tout cas aucun bruit ne provenait de ces deux salles et seul le couloir semblait habité... mais, au vu des grognements et des gémissements, pas par des personnes saines...

L'aide soignante, morte une nouvelle fois, s'écroula sur Utako, qui la repoussa d'un mouvement de bras.Il pointa son revolver su le cadavre, en espérant qu'il n’allait pas se relever une seconde fois.Ce qui, médicalement parlant, était impossible, au vu de la blessure que venait de recevoir Amika.

Le cadavre ne se releva pas, mais Utako entendit d'autre grognement venir du couloir.De nombreux grognements.Il ne pouvait pas rester ici très longtemps.

Deux choix se posait à lui.Les deux bureaux en face de lui.Celui du docteur Mizushima était vide, son propriétaire étant partis en vacance.Utako ne voulait pas rester seul : Il pourrait sortir vivant de cet enfer qu'en se regroupant avec d'autres survivants.Car s'était maintenant le bon mot: ils étaient en face d'un désastre sans nom.Si ces trucs viennent des étages inférieurs, alors il y a fortes chance qu'ils viennent de dehors.

Il opta donc pour le bureau du docteur Hayashi.Peut être était t'il dans son bureau.En tout cas, il devait avoir de solides réserves de nourriture pour grignoter en permanence.Et Utako savait bien qu'il fallait commencer à réunir de quoi survivre.

Il se dirigea donc vers le bureau d'Hayashi, fuyant les grognements se rapprochant de la salle de repos.Il ouvrit la porte du bureau et se réfugia à l'intérieur de suite, arme à la main, en fermant la porte derrière lui.

L'intérieur du bureau, visiblement en désordre, était vide de toute vie humaine. Le docteur Hayashi n'était pas là, bien que plusieurs paquets de biscuits de sortes diverses et variées ornaient sont bureau et garnissait ses tiroirs. Il y avait bien de quoi remplir la sacoche oubliée sur son siège par le docteur. Mais ce n'était pas la seule chose que le docteur avait oublié, il y avait également son téléphone portable sur le bureau, non raccroché, en communication avec quelqu'un qui avait depuis longtemps raccroché.
Le scénario de ce qu'il s'était passé était très simple à reconstituer : le docteur avait sans doute reçut un appel et était parti en catastrophe, oubliant sa sacoche, son téléphone portable et son parapluie toujours accroché au porte-manteau. C'était un parapluie noir, très sobre, avec un manche en bois. Il l'oubliait régulièrement dans son bureau et il devait être là depuis plusieurs jours puisqu'aucune averse n'était prévue pour aujourd'hui.
Divers ustensiles médicaux et boîtes de médicaments étaient rangées proprement dans les placards vitrés prévus à cet effet et le seul détritus dans cette salle était un paquet de chips traînant au milieu de la pièce.